Le mansplaining

C’est un portmanteau « mot-valise » américain, associant homme et explication. Le mansplaining, c’est donc la tendance des hommes à vous expliquer la vie, même quand ils en savent moins que vous à ce sujet.

Et c’est un vrai phénomène de société. Si vous n’y croyez pas, voici 7 études qui l’ont prouvé (réunies à l’origine ici par Lucy Vernasco) :

1. Les femmes sont plus interrompues que les hommes. Les hommes comme les femmes ont tendance à interrompre plus les femmes que les hommes, selon un papier publié l’année dernière dans le Journal du Langage et de la Psychologie Sociale. Dans cette étude, deux chercheurs de l’Université de George Washington ont pris 20 femmes et 20 hommes, les ont mis par deux, et ont enregistré puis retranscrit leurs conversations. Résultat : sur trois minutes de discussion, les femmes interrompaient les hommes une seule fois en moyenne, mais interrompaient les autres femmes 2,8 fois. Les hommes interrompaient d’autres hommes 2 fois en moyenne, et les femmes 2,6 fois.

2. Les hommes interrompent pour affirmer leur pouvoir. Toutes les interruptions ne se valent pas, bien sûr – parfois nous interrompons quelqu’un pour l’encourager dans ce qu’il dit. Mais une méta-analyse de 43 recherches, effectuée en 1998 par deux chercheurs de l’Université de Californie à Santa Cruz, a démontré que les hommes étaient plus susceptibles d’interrompre les femmes pour affirmer leur domination dans la conversation, c’est-à-dire pour reprendre la parole de force. Dans les groupes plus grands, les hommes interrompaient de façon encore plus fréquente.

3. Les hommes dominent la conversation pendant les réunions. Une étude de 2012 par l’Université de Brigham Young et des chercheurs de Princeton a montré que les femmes avaient la parole seulement 25% du temps en réunion professionnelle, les hommes occupant donc en moyenne 75% du temps de parole. L’étude montre aussi que quand les femmes étaient maintenues hors de la conversation, il leur était plus difficile d’avoir un effet sur les décisions et les discussions pendant les votes sur les divers problèmes.

4. Les hommes et les garçons dominent la conversation en classe. Une étude de 2004 par l’école de droit de Harvard a montré que les hommes étaient 50% plus susceptibles que les femmes de faire un commentaire volontairement en classe, et 144% plus susceptibles de parler volontairement au moins trois fois. Une autre étude de chez Harvard en 1985 avait montré que dans les classes avec un professeur masculin, les jeunes hommes parlaient 2,5 fois plus que leurs camarades féminins. Cependant, les professeurs féminins semblaient avoir un « effet inspirant sur les étudiants féminins », amenant les jeunes femmes à s’exprimer trois fois plus qu’avec un professeur masculin. Ce problème se retrouve aussi à l’école primaire, selon les recherches de Myra et David Sadker en 1994. Pendant les discussions en classe, les garçons donnaient directement leurs réponses huit fois plus que les filles et avaient plus de chances d’être écoutés, alors que les filles qui les donnaient directement se faisaient dire de lever la main. Les garçons levaient aussi la main de façon plus perturbatrice, en sautant de leur chaise et en faisant du bruit, suppliant le professeur d’y réagir.

5. Les patients sont plus susceptibles d’interrompre les médecins féminins que masculins. Selon une étude de 1998 par Candace West, professeur de sociologie à l’Université de Californie à Santa Cruz, les médecins féminins ont plus de 2 fois plus de risques d’être interrompues par leurs patients que les médecins masculins.

6. Les hommes ont plus d’espace dans les journaux en papier et numériques. Les hommes n’ont pas seulement plus de parole dans les conversations en face à face, mais aussi des les médias. Selon une étude de 2012 par le projet OpEd, les femmes n’écrivent que 20% des articles d’opinion traditionnels, 33% des articles d’opinion en ligne, et 38% des articles d’opinion dans les journaux universitaires. Les critiques de littérature ou de non-fiction créative favorisaient aussi les hommes, nous montre le compte VIDA. Quant à la politique, une analyse par 4th Estate du traitement de l’élection américaine de 2012 nous montre que les femmes étaient largement sous-citées.

7. Sur Twitter, les hommes sont plus souvent retwittés que les femmes. La tendance à donner plus d’espace de parole aux hommes est une réalité sur les réseaux sociaux aussi. Un outil nommé Twee-Q recueille les données sur le nombre d’hommes et de femmes retweetés par les utilisateurs. Les femmes représentent 62% des utilisateurs de Twitter, mais selon les statistiques de Twee-Q, les hommes sont retweetés presque deux fois plus que les femmes, monopolisant près de 63% de tous les retweets.

Et le mainsplaining ultime, c’est quand un homme explique… Le féminisme. Avec une bonne foi désarmante, il vous raconte comme les femmes, en fait, vivent ceci et cela, devraient plutôt faire ceci et cela, et puis aussi, pourquoi pas, comme lui souffre à cause de tout cela, parce que voyez-vous, c’est trop injuste qu’il soit considéré comme un vilain privilégié.

Le principal de cet article est une traduction, il se peut que certaines expressions vous aient un peu troublé, comme « les étudiants féminins »… C’est volontaire. J’aime beaucoup le vrai neutre 🙂

Pour aller plus loin, un autre article francophone au sujet du mansplaining : http://www.madmoizelle.com/mansplaining-explications-169296

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